Le plus grand privilège qu’il m’a été donné de vivre fut d’accompagner mon mari sur le chemin de la mort. Ce fut le plus beau de nos voyages. J’ai découvert que l’amour véritable n’est pas celui qui nous unit à l’enveloppe corporelle, mais aux liens du cœur et de l’âme. Aimer l’Autre malgré son corps décharné et ses facultés affaiblies – au-delà des beautés terrestres – m’a permis de grandir et de valider certaines de mes valeurs, voire en modifier d’autres. Partager sa vie avec un être pendant 37 ans et de le voir partir pour un autre monde, un ailleurs inconnu change la vie. Il est décédé dans mes bras. J’ai sauté dans son lit lors de la dernière nuit. La ridelle dans le dos, j’écoutais son souffle court et je respirais au même rythme. Lors du dernier battement du cœur, le mien s’est uni au sien pour l’éternité. Cette spiritualité qui n’a pas de prix se vit tout simplement. J’admire les personnes qui accompagnent un être humain en fin de vie, sans jugement et sans idées préconçues. Ces personnes sont riches dans leur cœur et c’est la raison pour laquelle j’apporte mon petit grain de lumière à la Fondation Jeanne-Mance. Quelle que soit la personne – personne itinérante, personne âgée, personne pauvre, etc. – il ne faut jamais qu’elle vive les derniers moments dans la solitude et l’oubli.
Marguerite Blais, Ph. D.